A l’occasion de la Commémoration du 82ème anniversaire de l’appel du 18 juin 1940. Mesdames Béatrice Gosselin, sénateur de la Manche, et Valérie Laisney, conseillère régionale ont honoré de leur présence la cérémonie organisée par la commune de Hauteville-sur-Mer au Monument aux morts. Après la lecture du discours de Monsieur le Maire (texte ci-dessous) devant le porte-drapeau, la présidente et plusieurs représentants des anciens combattants, trois gerbes ont été déposées au nom de Madame le sénateur, la région Normandie et la commune de Hauteville-sur-Mer. Camille, une enfant de la commune, a ensuite déposé un bouquet et s’est incliné à son tour devant le monument aux Morts. Après une Marseillaise chantée à pleine voix par l’ensemble des participants, un vin d’honneur fut servi à la Mairie. Monsieur le Maire a évoqué la mémoire de Monsieur Gilbert Blanchetière, défunt trésorier de l’association des anciens combattants dont la messe d’inhumation avait eu lieu le matin même.
Discours de M. Jean-René Binet, Maire d’Hauteville-sur-Mer :
Le 18 juin 1940, à Londres, le Général de Gaulle lançait sur les ondes de la BBC, un appel à résister contre l’esprit de défaite qui, malheureusement, avait conduit le Gouvernement français à souhaiter abandonner le combat contre un ennemi qui ne tarderait pas à montrer son visage tyrannique, totalitaire, inhumain. En prononçant ce discours, le Général de Gaulle ouvrait un chemin qui permit à la France de conserver son honneur, de retrouver cette liberté chérie que célèbre son hymne et de siéger, à la fin de la guerre, à la table des vainqueurs. Ainsi qu’il devait l’écrire plus tard dans ses Mémoires de guerre, « ce qu’il s’agissait de servir et de sauver, c’était la nation et l’Etat [1]».
Permettez-moi de vous donner lecture de ce discours :
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »[2].
Le sens profond et la puissance des paroles prononcées n’échappaient pas au Général. Dans ses mémoires de guerre, toujours, de Gaulle écrit en effet :
« A mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. A quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries »[3].
82 ans plus tard, nous sommes ici pour nous souvenir, certes, mais aussi pour espérer que cet esprit de résistance anime, aujourd’hui encore, ceux qui n’entendent pas capituler devant l’esprit de défaite.
A l’heure où de nouveaux totalitarismes, plus insidieux, tentent de remettre en cause les libertés et l’unité du peuple français, notre présence devant le monument dressé en honneur aux enfants d’Hauteville-sur-Mer morts pour la France, manifeste également notre indéfectible attachement à la mémoire du Général de Gaulle, père de la cinquième République, libérateur de cette France en laquelle il professait cette inébranlable foi par laquelle s’ouvre le premier volume de ses Mémoires de guerre :
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser tout haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur » [4].
Vive le Général de Gaulle !
Vive Hauteville-sur-Mer !
Vive la République !
Et vive la France !
[1] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, Paris, Plon, 1954, t. I, L’Appel : 1940-1942, spéc. p. 87.
[2] Ch. de Gaulle, Discours et messages. Pendant la guerre, 1940-1946, Plon, 1970
[3] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, op. cit., p. 89.
[4] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, op. cit., p. 1.
Discours de M. Jean-René Binet, Maire d’Hauteville-sur-Mer :
Le 18 juin 1940, à Londres, le Général de Gaulle lançait sur les ondes de la BBC, un appel à résister contre l’esprit de défaite qui, malheureusement, avait conduit le Gouvernement français à souhaiter abandonner le combat contre un ennemi qui ne tarderait pas à montrer son visage tyrannique, totalitaire, inhumain. En prononçant ce discours, le Général de Gaulle ouvrait un chemin qui permit à la France de conserver son honneur, de retrouver cette liberté chérie que célèbre son hymne et de siéger, à la fin de la guerre, à la table des vainqueurs. Ainsi qu’il devait l’écrire plus tard dans ses Mémoires de guerre, « ce qu’il s’agissait de servir et de sauver, c’était la nation et l’Etat [1]».
Permettez-moi de vous donner lecture de ce discours :
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas »[2].
Le sens profond et la puissance des paroles prononcées n’échappaient pas au Général. Dans ses mémoires de guerre, toujours, de Gaulle écrit en effet :
« A mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. A quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries »[3].
82 ans plus tard, nous sommes ici pour nous souvenir, certes, mais aussi pour espérer que cet esprit de résistance anime, aujourd’hui encore, ceux qui n’entendent pas capituler devant l’esprit de défaite.
A l’heure où de nouveaux totalitarismes, plus insidieux, tentent de remettre en cause les libertés et l’unité du peuple français, notre présence devant le monument dressé en honneur aux enfants d’Hauteville-sur-Mer morts pour la France, manifeste également notre indéfectible attachement à la mémoire du Général de Gaulle, père de la cinquième République, libérateur de cette France en laquelle il professait cette inébranlable foi par laquelle s’ouvre le premier volume de ses Mémoires de guerre :
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser tout haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur » [4].
Vive le Général de Gaulle !
Vive Hauteville-sur-Mer !
Vive la République !
Et vive la France !
[1] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, Paris, Plon, 1954, t. I, L’Appel : 1940-1942, spéc. p. 87.
[2] Ch. de Gaulle, Discours et messages. Pendant la guerre, 1940-1946, Plon, 1970
[3] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, op. cit., p. 89.
[4] Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, op. cit., p. 1.