Le 29 décembre 2020, pour commémorer le cent!ème anniversaire du décès de Gabriel Lemesle, maire de Hauteville-sur-Mer de 1900 à 1920, Monsieur le maire Jean-René Binet a donné à la salle de réunion de la mairie le nom de salle Gabriel Lemesle. La cérémonie s'est tenue en présence des membres de la famille de Gabriel Lemesle qui ont offert à la commune un portrait encadré de leur ancêtre. A cette occasion, avant de dévoiler la plaque commémorative, Monsieur le maire a prononcé le discours reproduit ci-dessous :
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Je vous remercie d’être venus aujourd’hui célébrer en la mairie de Hauteville-sur-mer le souvenir de Gabriel Lemesle, décédé il y a un siècle tout juste et qui fut maire de cette commune de 1900 jusqu’à sa mort en 1920. Je souhaitais associer le plus de monde possible à cette célébration, mais le contexte sanitaire nous a obligé à restreindre la présence du public. Je compte sur chaque personne présente pour se faire à son tour le relai de l’histoire qui lie indéfectiblement la commune de Hauteville-sur-mer au maire qui l’a le plus marquée de son action.
Je dirais un mot de l’homme d’abord, du maire ensuite.
I. L’HOMME (1874-1920)
De l’homme que fut Gabriel Lemesle, on sait peu de choses. Il m’a fallu me replonger dans les registres d’état civil de la commune pour en apprendre ce que retracent les actes d’état civil. Sa naissance, son mariage, son décès
A. Naissance de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle est né le 31 décembre 1874 à 4h00 du matin. Nous sommes au tout début de la 3ème République, proclamée quelques années plus tôt, en septembre 1870, après la chute du second Empire. Le Président de la République, est Patrice de Mac Mahon depuis 1873. Il a pris la suite d’Adolphe Thiers, président de 1871 à 1873 et le restera jusqu’à sa démission en 1879. L’acte de naissance est dressé par le maire Ferdinand Michel d’Annoville, dont la longévité à son poste est autrement plus importante que le président de la République puisqu’il fut maire de 1865 à 1891. Avec 26 ans de mandat, il détient le record de tous les maires de Hauteville. Le père de l’enfant se nomme Almis-Effrémond Hector Léopold Lemesle. Il est âgé de 23 ans et exerce la profession de cultivateur. Il est domicilié village de la Croute, là où l’enfant est né. Le père de Gabriel Lemesle décèdera 13 ans plus tard, le 22 août 1887, à l’âge de 36 ans. La mère de Gabriel Lemesle est Désirée Alvina Lemesle. Elle est âgée de 17 ans et « occupée du ménage ». La déclaration de naissance est faite en présence de Jean-François Lepeu, instituteur de la commune, âgé de 46 ans.
B. Mariage de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle se marie le 20 avril 1897, à 10h00 du matin, avec Mademoiselle Emilie Louise Lemesle, née à Avranches le 17 octobre 1871 de Jean Aimable Lemesle (décédé le 3 mai 1882) et Léontine Désirée Billard (âgée de 53 ans au jour du mariage). Les témoins du marié sont Joseph Metz Lieutenant au 136ème Régiment de Ligne de Saint-Lô, âgé de 23 ans et Albert Lebreton, Rédacteur au ministère des Finances, à Paris, âgé de 40 ans. Les témoins de l’épouse sont Gaston de Villèle, propriétaire, âgé de 50 ans, domicilié à Miniac en Ille et Vilaine et Victor Lebel, âgé de 49 ans, libraire à Avranches. Ainsi que le mentionne l’acte de mariage, les époux ont fait un contrat de mariage reçu par maître Lelièvre, notaire à Montmartin-sur-mer, le 18 avril 1897. Nulle autre précision n’est donnée sur ce contrat.
La mariée a 26 ans, le marié 23 ans. Les deux sont civilement majeurs, puisque la majorité est fixée à 21 ans. Cependant, à l’époque et jusqu’à la loi du 21 juin 1907, la majorité matrimoniale est fixée à 21 ans pour les femmes et 25 ans pour les hommes. Par conséquent, le mariage n’est possible que sur le consentement de la mère de Gabriel, son père étant décédé depuis déjà dix ans. Celle-ci, alors âgée de 39 ans consent donc à cette union.
C. Décès de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle décède en son domicile de la Croute le 12 mai 1920 à 5h00 des suites d’une maladie. L’acte de décès indique qu’il est maire, conseiller d’arrondissement et propriétaire. L’acte est dressé par le 1er adjoint, qui lui succèdera comme maire pendant deux ans, François Bien-Aimé Tiphaigne, sur la déclaration de deux témoins : Jules Edmond Lepeu, propriétaire, âgé de 51 ans et Alphonse Auguste Lemesle, pêcheur, âgé de 31 ans. Il meurt sans enfant. Son testament institue l’une de ses nièces légataires de la maison de la Croute. Une autre disposition de ce testament est faite au profit du bureau de bienfaisance de Hauteville-sur-mer. Le registre des délibérations du conseil municipal en fait état en ces termes « cette disposition testamentaire généreuse attribue indifféremment pour tous les pauvres de la commune une rente annuelle de 100 francs ». Le conseil municipal accepte « cette offrande charitable » le 30 juin 1920. L’homme est mort, mais par cette disposition de dernière volonté, on le voit, le maire est toujours au service de Hauteville-sur-mer et de sa population.
Venons-en au maire
II. Le Maire (1900-1920)
Comme les autres maires de Hauteville-sur-mer, Gabriel Lemesle fut élu pour agir. Nous verrons d'abord son on élection puis son action.
A. L'élection de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle est élu pour la première fois le 20 mai 1900. Le Conseil municipal comprenant 12 membres, constitué par les élections tenues les 6 et 13 mai, fut convoqué et installé par le maire sortant, Monsieur Ludovic Michel d’Annoville qui reste conseiller municipal.
Le conseiller le plus âgé, François Lebreton, préside la séance. Gabriel Lemesle est choisi comme secrétaire de séance. Il est probable qu’il soit alors le plus jeune des conseillers municipaux, car c’est l’usage aujourd’hui encore de choisir le plus jeune. Il est en effet âgé de 26 ans et c’est donc à ce très jeune âge qu’il devient maire de la commune de Hauteville-sur-mer. C’est une élection sans candidature, comme ce sera le cas très longtemps.
Il est élu au premier tour par 7 voix, sur 11 exprimés (1 blanc).
Son adjoint – il n’y en a qu’un – est ensuite élu. Il s’agit d’Hippolyte Guillard.
Le mandat du conseil municipal, et donc du maire, est alors de 4 ans. Il sera porté à 6 ans en 1929. Cette durée est toujours en vigueur.
Il fut donc réélu quatre ans plus tard, le 15 mai 1904, après les élections des 6 et 13 mai. Il obtint 11 voix sur 12 et son premier adjoint fut de nouveau Hippolyte Guillard, élu avec 9 voix sur 12. Réelection le 17 mai 1908 après le scrutin des 3 et 10 mai. Il obtient 10 voix. Guillard n’est plus au conseil. Le 1e adjoint sera Charles Lefrançois (9 voix). Nouvelle élection le 19 mai 1912 après le scrutin des 5 et 12 mai. Il l’emporte avec 11 voix. Cette fois, le mandat, initialement prévu pour durer 4 ans, jusqu’en 1916. Il durera 7 ans en raison de la Grande guerre.
Ainsi que le révèle la lettre écrite aux Hautais en juillet 1919, ce mandat fut manifestement difficile pour le maire qui remit sa démission de maire et conseiller municipal au préfet le 9 juillet 1919. Celui-ci accepta la première et refusa la seconde. Il resta donc conseiller municipal et fut réélu à cette fonction lors des élections des 30 novembre et 7 décembre. Ainsi qu’on l’apprend dans le procès-verbal de l’élection du maire du 10 décembre, il fit fonction de maire jusqu’à l’installation du conseil municipal. Il dût être surpris d’être de nouveau élu, haut la main, par 9 voix. Il accepta le verdict des électeurs et resta maire jusqu’à sa mort.
B. L'action de Gabriel Lemesle
7ème maire de Hauteville-sur-mer, Gabriel Lemesle a marqué la commune, plus qu’aucun autre des 21 maires qui s’y sont succédé depuis la transformation de la paroisse en commune à la Révolution française et son indépendance retrouvée en 1836. Je précise qu’en effet, Hauteville-sur-mer devint une section de la commune de Montmartin-sur-mer à partir de 1795, provoquant le courroux des Hautais qui multiplièrent les démarches qui finiront par permettre de recouvrer notre indépendance en 1836. Les moins jeunes d’entre nous se souviennent de la très belle fête organisée en 1986 pour célébrer les 150 ans de cette indépendance, et je compte sur les plus jeunes pour ne pas oublier de fêter dignement le bicentenaire de cette indépendance dans 16 ans, en 2036 !
S’il ne détient pas le record de longévité, il se place en 3ème avec 20 ans de mandats (1900-1920). La première place revient à Ferdinand Michel d’Annoville (26 ans), la 2ème à Jean-Baptiste Roussel (23 ans).
Il fut également conseiller de l’arrondissement de Coutances. La fonction était bénévole et se limitait à la répartition des contributions directes. Elle faisait cependant de son titulaire un grand électeur pour les élections sénatoriales. Les conseils d’arrondissement ont été suspendus par la loi du 12 octobre 1940. Ils n’existent désormais plus.
De son action on peut retenir trois éléments fondamentaux qui constituent aujourd’hui des trésors pour Hauteville-sur-mer.
C’est à lui que l’on doit tout d’abord la construction de cette nouvelle mairie, il le mentionne dans la lettre de juillet 1919 : « une mairie étroite existait. Sa réparation était plus onéreuse qu’elle ne valait. J’en édifiai une autre ».
Ensuite, ainsi qu’il l’indique dans cette même missive, « après mûres réflexions, j’ai fondé une plage ». Visionnaire, il affirme « vous en recueillerez les bénéfices ». La décision fut prise lors de la séance du conseil municipal du 31 mars 1907. Le maire n’a alors que 33 ans et fait adopter par son conseil la décision la plus importante pour le développement de Hauteville en cédant à MM. Émile Desjardins et Louis Cirée « une partie des dunes communales » pour partie inculte et ne produisant qu’un très faible rapport. Il n’est pas possible d’en donner lecture intégrale aujourd’hui, mais je ne résiste pas au plaisir de vous en lire quelques passages :
« Considérant que ces terrains sont menacés par la mer qui chaque année prélève sur eux son tribut et qu’en même temps qu’il est profitable, il est pratique de les aliéner le plus tôt possible d’autant plus que dans les garanties données il sera stipulé que la commune fait toutes ses réserves en ce qui concerne l’envahissement de la mer ».
« Considérant que la plage de Hauteville-sur-mer, pour si belle qu’elle soit, est ignorée et resterait déserte si chaque année, dans la bourgade, ne venaient six ou sept familles partager avec les propriétaires les maisons où elles passent la saison ».
Enfin, son troisième trésor est ce livre posthume Le passé d’une commune française, Hauteville-sur-Mer , paru en 1923 dont j’aimerais que tout Hautais le lise car c’est un trésor infiniment plus précieux que tout autre. Je remercie très vivement mon collègue Hervé Guille, maire délégué de Trelly, d'avoir offert un exemplaire original de cet ouvrage. Il s’agit de l’histoire de notre commune, Alta villa, l’ancienne paroisse deux fois millénaires qui lui doit tant et au nom de laquelle je suis aujourd’hui très heureux de baptiser de son auguste nom la salle du conseil municipal de cette mairie qu’il a construite.
Je suis également très heureux de vous annoncer que, prochainement, une association verra le jour pour transmettre cette histoire, l’enrichir de nouvelles publications et de conférences. Hautais, il est en effet de notre devoir de transmettre l’histoire de notre belle commune. Si ce maire visionnaire a pris le soin d’écrire cette histoire, ce n’est certainement pas par nostalgie, mais bien parce qu’il avait conscience qu’on ne construit un avenir heureux que sur les assises solides d’un passé connu et aimé.
Dans cette salle Gabriel Lemesle, je forme le vœu solennel que nous soyons dignes des trésors que notre ancien maire, votre ancêtre, nous a transmis.
Jean-René BINET
Maire de Hauteville-sur-mer
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Je vous remercie d’être venus aujourd’hui célébrer en la mairie de Hauteville-sur-mer le souvenir de Gabriel Lemesle, décédé il y a un siècle tout juste et qui fut maire de cette commune de 1900 jusqu’à sa mort en 1920. Je souhaitais associer le plus de monde possible à cette célébration, mais le contexte sanitaire nous a obligé à restreindre la présence du public. Je compte sur chaque personne présente pour se faire à son tour le relai de l’histoire qui lie indéfectiblement la commune de Hauteville-sur-mer au maire qui l’a le plus marquée de son action.
Je dirais un mot de l’homme d’abord, du maire ensuite.
I. L’HOMME (1874-1920)
De l’homme que fut Gabriel Lemesle, on sait peu de choses. Il m’a fallu me replonger dans les registres d’état civil de la commune pour en apprendre ce que retracent les actes d’état civil. Sa naissance, son mariage, son décès
A. Naissance de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle est né le 31 décembre 1874 à 4h00 du matin. Nous sommes au tout début de la 3ème République, proclamée quelques années plus tôt, en septembre 1870, après la chute du second Empire. Le Président de la République, est Patrice de Mac Mahon depuis 1873. Il a pris la suite d’Adolphe Thiers, président de 1871 à 1873 et le restera jusqu’à sa démission en 1879. L’acte de naissance est dressé par le maire Ferdinand Michel d’Annoville, dont la longévité à son poste est autrement plus importante que le président de la République puisqu’il fut maire de 1865 à 1891. Avec 26 ans de mandat, il détient le record de tous les maires de Hauteville. Le père de l’enfant se nomme Almis-Effrémond Hector Léopold Lemesle. Il est âgé de 23 ans et exerce la profession de cultivateur. Il est domicilié village de la Croute, là où l’enfant est né. Le père de Gabriel Lemesle décèdera 13 ans plus tard, le 22 août 1887, à l’âge de 36 ans. La mère de Gabriel Lemesle est Désirée Alvina Lemesle. Elle est âgée de 17 ans et « occupée du ménage ». La déclaration de naissance est faite en présence de Jean-François Lepeu, instituteur de la commune, âgé de 46 ans.
B. Mariage de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle se marie le 20 avril 1897, à 10h00 du matin, avec Mademoiselle Emilie Louise Lemesle, née à Avranches le 17 octobre 1871 de Jean Aimable Lemesle (décédé le 3 mai 1882) et Léontine Désirée Billard (âgée de 53 ans au jour du mariage). Les témoins du marié sont Joseph Metz Lieutenant au 136ème Régiment de Ligne de Saint-Lô, âgé de 23 ans et Albert Lebreton, Rédacteur au ministère des Finances, à Paris, âgé de 40 ans. Les témoins de l’épouse sont Gaston de Villèle, propriétaire, âgé de 50 ans, domicilié à Miniac en Ille et Vilaine et Victor Lebel, âgé de 49 ans, libraire à Avranches. Ainsi que le mentionne l’acte de mariage, les époux ont fait un contrat de mariage reçu par maître Lelièvre, notaire à Montmartin-sur-mer, le 18 avril 1897. Nulle autre précision n’est donnée sur ce contrat.
La mariée a 26 ans, le marié 23 ans. Les deux sont civilement majeurs, puisque la majorité est fixée à 21 ans. Cependant, à l’époque et jusqu’à la loi du 21 juin 1907, la majorité matrimoniale est fixée à 21 ans pour les femmes et 25 ans pour les hommes. Par conséquent, le mariage n’est possible que sur le consentement de la mère de Gabriel, son père étant décédé depuis déjà dix ans. Celle-ci, alors âgée de 39 ans consent donc à cette union.
C. Décès de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle décède en son domicile de la Croute le 12 mai 1920 à 5h00 des suites d’une maladie. L’acte de décès indique qu’il est maire, conseiller d’arrondissement et propriétaire. L’acte est dressé par le 1er adjoint, qui lui succèdera comme maire pendant deux ans, François Bien-Aimé Tiphaigne, sur la déclaration de deux témoins : Jules Edmond Lepeu, propriétaire, âgé de 51 ans et Alphonse Auguste Lemesle, pêcheur, âgé de 31 ans. Il meurt sans enfant. Son testament institue l’une de ses nièces légataires de la maison de la Croute. Une autre disposition de ce testament est faite au profit du bureau de bienfaisance de Hauteville-sur-mer. Le registre des délibérations du conseil municipal en fait état en ces termes « cette disposition testamentaire généreuse attribue indifféremment pour tous les pauvres de la commune une rente annuelle de 100 francs ». Le conseil municipal accepte « cette offrande charitable » le 30 juin 1920. L’homme est mort, mais par cette disposition de dernière volonté, on le voit, le maire est toujours au service de Hauteville-sur-mer et de sa population.
Venons-en au maire
II. Le Maire (1900-1920)
Comme les autres maires de Hauteville-sur-mer, Gabriel Lemesle fut élu pour agir. Nous verrons d'abord son on élection puis son action.
A. L'élection de Gabriel Lemesle
Gabriel Lemesle est élu pour la première fois le 20 mai 1900. Le Conseil municipal comprenant 12 membres, constitué par les élections tenues les 6 et 13 mai, fut convoqué et installé par le maire sortant, Monsieur Ludovic Michel d’Annoville qui reste conseiller municipal.
Le conseiller le plus âgé, François Lebreton, préside la séance. Gabriel Lemesle est choisi comme secrétaire de séance. Il est probable qu’il soit alors le plus jeune des conseillers municipaux, car c’est l’usage aujourd’hui encore de choisir le plus jeune. Il est en effet âgé de 26 ans et c’est donc à ce très jeune âge qu’il devient maire de la commune de Hauteville-sur-mer. C’est une élection sans candidature, comme ce sera le cas très longtemps.
Il est élu au premier tour par 7 voix, sur 11 exprimés (1 blanc).
Son adjoint – il n’y en a qu’un – est ensuite élu. Il s’agit d’Hippolyte Guillard.
Le mandat du conseil municipal, et donc du maire, est alors de 4 ans. Il sera porté à 6 ans en 1929. Cette durée est toujours en vigueur.
Il fut donc réélu quatre ans plus tard, le 15 mai 1904, après les élections des 6 et 13 mai. Il obtint 11 voix sur 12 et son premier adjoint fut de nouveau Hippolyte Guillard, élu avec 9 voix sur 12. Réelection le 17 mai 1908 après le scrutin des 3 et 10 mai. Il obtient 10 voix. Guillard n’est plus au conseil. Le 1e adjoint sera Charles Lefrançois (9 voix). Nouvelle élection le 19 mai 1912 après le scrutin des 5 et 12 mai. Il l’emporte avec 11 voix. Cette fois, le mandat, initialement prévu pour durer 4 ans, jusqu’en 1916. Il durera 7 ans en raison de la Grande guerre.
Ainsi que le révèle la lettre écrite aux Hautais en juillet 1919, ce mandat fut manifestement difficile pour le maire qui remit sa démission de maire et conseiller municipal au préfet le 9 juillet 1919. Celui-ci accepta la première et refusa la seconde. Il resta donc conseiller municipal et fut réélu à cette fonction lors des élections des 30 novembre et 7 décembre. Ainsi qu’on l’apprend dans le procès-verbal de l’élection du maire du 10 décembre, il fit fonction de maire jusqu’à l’installation du conseil municipal. Il dût être surpris d’être de nouveau élu, haut la main, par 9 voix. Il accepta le verdict des électeurs et resta maire jusqu’à sa mort.
B. L'action de Gabriel Lemesle
7ème maire de Hauteville-sur-mer, Gabriel Lemesle a marqué la commune, plus qu’aucun autre des 21 maires qui s’y sont succédé depuis la transformation de la paroisse en commune à la Révolution française et son indépendance retrouvée en 1836. Je précise qu’en effet, Hauteville-sur-mer devint une section de la commune de Montmartin-sur-mer à partir de 1795, provoquant le courroux des Hautais qui multiplièrent les démarches qui finiront par permettre de recouvrer notre indépendance en 1836. Les moins jeunes d’entre nous se souviennent de la très belle fête organisée en 1986 pour célébrer les 150 ans de cette indépendance, et je compte sur les plus jeunes pour ne pas oublier de fêter dignement le bicentenaire de cette indépendance dans 16 ans, en 2036 !
S’il ne détient pas le record de longévité, il se place en 3ème avec 20 ans de mandats (1900-1920). La première place revient à Ferdinand Michel d’Annoville (26 ans), la 2ème à Jean-Baptiste Roussel (23 ans).
Il fut également conseiller de l’arrondissement de Coutances. La fonction était bénévole et se limitait à la répartition des contributions directes. Elle faisait cependant de son titulaire un grand électeur pour les élections sénatoriales. Les conseils d’arrondissement ont été suspendus par la loi du 12 octobre 1940. Ils n’existent désormais plus.
De son action on peut retenir trois éléments fondamentaux qui constituent aujourd’hui des trésors pour Hauteville-sur-mer.
C’est à lui que l’on doit tout d’abord la construction de cette nouvelle mairie, il le mentionne dans la lettre de juillet 1919 : « une mairie étroite existait. Sa réparation était plus onéreuse qu’elle ne valait. J’en édifiai une autre ».
Ensuite, ainsi qu’il l’indique dans cette même missive, « après mûres réflexions, j’ai fondé une plage ». Visionnaire, il affirme « vous en recueillerez les bénéfices ». La décision fut prise lors de la séance du conseil municipal du 31 mars 1907. Le maire n’a alors que 33 ans et fait adopter par son conseil la décision la plus importante pour le développement de Hauteville en cédant à MM. Émile Desjardins et Louis Cirée « une partie des dunes communales » pour partie inculte et ne produisant qu’un très faible rapport. Il n’est pas possible d’en donner lecture intégrale aujourd’hui, mais je ne résiste pas au plaisir de vous en lire quelques passages :
« Considérant que ces terrains sont menacés par la mer qui chaque année prélève sur eux son tribut et qu’en même temps qu’il est profitable, il est pratique de les aliéner le plus tôt possible d’autant plus que dans les garanties données il sera stipulé que la commune fait toutes ses réserves en ce qui concerne l’envahissement de la mer ».
« Considérant que la plage de Hauteville-sur-mer, pour si belle qu’elle soit, est ignorée et resterait déserte si chaque année, dans la bourgade, ne venaient six ou sept familles partager avec les propriétaires les maisons où elles passent la saison ».
Enfin, son troisième trésor est ce livre posthume Le passé d’une commune française, Hauteville-sur-Mer , paru en 1923 dont j’aimerais que tout Hautais le lise car c’est un trésor infiniment plus précieux que tout autre. Je remercie très vivement mon collègue Hervé Guille, maire délégué de Trelly, d'avoir offert un exemplaire original de cet ouvrage. Il s’agit de l’histoire de notre commune, Alta villa, l’ancienne paroisse deux fois millénaires qui lui doit tant et au nom de laquelle je suis aujourd’hui très heureux de baptiser de son auguste nom la salle du conseil municipal de cette mairie qu’il a construite.
Je suis également très heureux de vous annoncer que, prochainement, une association verra le jour pour transmettre cette histoire, l’enrichir de nouvelles publications et de conférences. Hautais, il est en effet de notre devoir de transmettre l’histoire de notre belle commune. Si ce maire visionnaire a pris le soin d’écrire cette histoire, ce n’est certainement pas par nostalgie, mais bien parce qu’il avait conscience qu’on ne construit un avenir heureux que sur les assises solides d’un passé connu et aimé.
Dans cette salle Gabriel Lemesle, je forme le vœu solennel que nous soyons dignes des trésors que notre ancien maire, votre ancêtre, nous a transmis.
Jean-René BINET
Maire de Hauteville-sur-mer